L'exposition de Mai 1968 peut être considérée comme le catalyseur d'une remise en question générale de la pédagogie, dans un sens qui se veut libérateur de l'enfant. C'est dans un tel cadre que l'on peut comprendre le regain d'actualité que connaissent les œuvres des pédagogues libertaires et, en particulier, celle du psychothérapeute américain Carl Rogers. Pourtant il faut noter que cette actualité retrouvée se présente, à la fois avec ses mérites, car elle permet de secouer la poussières des vieilles habitudes, mais aussi avec ses dangers, car la tentation est grande de dépasser les normes de ce qu'une claire réflexion sur les choses nous fait apparaître comme possible et rationnel. Hubert Hannoun a donc tenté d'aborder la critique du rogérisme dans cette double optique de son apport et de ses difficultés , se situant ainsi hors des passions que ce courant continue à susciter et se voulant, avant tout, un expérimentateur de la pédagogie. L'expérience directe d'Hubert Hannoun, ancien directeur de l'Ecole Normale de Privas, aujourd'hui, responsable de la recherche pédagogique pour l'Académie d'Aix-Marseille, alliée à une référence précise aux dernières conquêtes de la psychologie scientifique lui ont permis de faire une analyse critique, extrêmement claire et abordable d'une œuvre qui se présente le plus souvent sous la forme d'un amalgame de réflexions et d'observations.