Lorsque l'éducation est fatiguée de son concept, elle en appelle à "la vie". Mais le parcours de Fröbel est là pour nous montrer que la vie reste une idée fabriquée en vue de surmonter une existence irrémédiablement coupée de sa racine naturelle et de combler la faille ouverte par Kant entre les déterminations de fait qui enserrent l'homme et le sens qu'il veut se donner en liberté. Qu'en est-il lorsque cette Idée embrase l'éducation? Il en résulte de précieuses intuitions qui seront autant d'apports à l'histoire de la pédagogie : l'exploration et le langage symbolique, la théorie du jeu et le jardin d'enfants... Mais l'aventure de Föbel témoigne aussi d'une grande illusion : elle nous avertit que, si la vie reste le levier décisif de l'action pédagogique, elle se condamne, dès l'instant où elle fait l'objet d'une visée systématique, à tuer ce qu'elle prétend animer. Ainsi s'explique le destin éphémère des "pédagogies de la vie", dont Fröbel reste la figure archétypale. où se révèle encore le dilemme du pédagogue selon Pestalozzi : penser pour soi ou agir pour autrui.