La recherche d'une pédagogie qui tienne compte de l'unicité de chaque enfant est œuvre difficile dans l'enseignement public lorsqu'elle est menée par les praticiens eux-mêmes. L'aventure de Raymond Fonvieille au sein du mouvement Freinet l'a bien montré. En tant qu'instituteur, il s'est ouvert aux sciences humaines (psychanalyse et psychosociologie) au sein d'un groupe d'enseignants, le Groupe Techniques Educatives, en assumant en même temps sa propre autoformation. Pour les enseignants des écoles, ce type de parcours est riche de rencontres et de personnes, d'idées et d'idéologies. Riche également de confrontations et... de conflits. La pratique autogestionnaire de Raymond Fonvieille à l'intérieur de l'école, étayée d'expériences menées avec de jeunes adolescents, est très éclairante sur l'implication de jeunes en situation d'échec qui découvrent , au travers des institutions qu'ils créent, la richesse des savoirs qu'ils choisissent et les voies complexes de la socialisation. Cette démarche souligne, encore aujourd'hui, les raisons de l'échec de l'enseignement du collège. Elle ouvre des perspectives tant sur le terrain de ce que l'on appelle la "pédagogie différenciée" que sur la recherche de solutions d'une pédagogie de banlieue.